C’est une histoire à l’américaine, avec deux héros, anciens militaires, qui veulent sauver les innocents. Matthew Griffin et Donald Lee, après plusieurs mandats en Afghanistan, en sont arrivés à la conclusion que le meilleur moyen de neutraliser une insurrection, c’est de proposer une alternative économique et sociale à ceux qui la rejoignent. Le rôle du soutien au développement est connu et largement pris en considération mais reste toujours difficilement applicable. Comment proposer une activité fiable à des gens qui survivent dans des zones de guerre, souvent mal informés, mal éduqués, dépendants des courants de force locaux?
En Afghanistan, une démarche allant dans ce sens a consisté à mettre en place une usine de production de bottes et autres sacoches, pour équiper les forces de sécurité afghanes. L’idée était, plutôt que d’acheter le matériel en question en Chine, de le produire sur place pour que cela soit profitable aux communautés. 300 personnes travaillaient dans l’usine en question. Mais son activité a été abandonnée avec la transition entre coalition internationale et gouvernement afghan: elle restait trop peu productive et les Chinois restaient moins chers.
Nos deux Américains ont voulu se lancer dans la production de claquettes pour prendre le relais dans cette usine. Sans grand succès: les difficultés douanières et la situation sécuritaire ont rendu le projet impossible. En trouvant les bons interlocuteurs, ils ont cependant pu soutenir le développement d’une production de sarongs en soutenant une entrepreneuse et activiste afghane, Hassina Sherjan. Les produits sont ensuite exportés pour être vendus aux Etats-Unis. Les Américaines qui les porteront permettront ainsi que prospère une activité afghane, une partie de la marge étant même reversée à des ONG locales.
« Nous sommes en guerre en Afghanistan depuis quatorze ans, et nous n’avons toujours pas d’accord de libre échange« , regrettent Griffin et Lee. Faute de pouvoir produire leurs « tongs de combat » en Afghanistan, ils se sont rabattus sur la Colombie où ils espèrent détourner des familles de l’opium vers le textile. Les résultats restent difficiles à mesurer mais eux y croient: développer le commerce et l’économie sont des armes plus efficaces que de larguer des bombes. Et ils pensent que de telles approches pourraient servir à lutter contre les mouvements obscurantistes un peu partout, jusqu’en Irak et en Syrie. Reste à trouver les entrepreneurs pour le faire.
S’il fallait résumer leur recette, on pourrait donc retenir qu’il faut: un entrepreneur engagé local, une main d’oeuvre disponible, des étrangers malins et pouvant mobiliser un réseau export efficace… et un produit de qualité avec un gros appui marketing. Ajoutez quelques poignées de fashion victims occidentales avides de produits engagés… et vous avez un projet à gros potentiel.
Le site de Combat Flip flops, recommandé à tous les hipsters parisiens, et même aux autres. Leur slogan, très sympa: « mauvaises pour courir, pire pour combattre ». C’est en cliquant ici. Je recommande également leurs playlists, accessibles via leur blog… pour motiver les longues journées au bureau!