Lors de l’attaque de Ouagadougou, au Burkina Faso, des forces spéciales françaises sont rapidement intervenues pour faire face aux jihadistes. Revendiquée par AQMI, cette opération a visé des lieux où se trouvent beaucoup d’étrangers, avec un nombre conséquent d’Occidentaux parmi les victimes. Le nombre des tués, blessés ou encore des attaquants reste incertain à l’heure où nous écrivons ces lignes.
La communication de l’état-major des armées (EMACOM) a rapidement assuré son rôle d’appui aux opérations en communicant sur les réseaux sociaux. L’attaque débutait vers 19.00 le 15 janvier. Le 16 janvier, à 05.47, le tout jeune compte Twitter de ce bureau s’exprimait ainsi: « Les forces françaises sont intervenues en soutien des forces du Burkina Faso. » Un autre message suit ensuite à 08.11 pour assurer que « comme en novembre à Bamako, l’appui des forces spéciales a permis de sauver des vies à Ouagadougou ». Les mêmes messages ont été postés en même temps sur Facebook.
Sur le font, l’EMA précise ainsi très rapidement l’action des forces françaises lors de cette attaque. Il officialise la présence de forces spéciales, sujet sur lequel le ministère reste souvent très discret. La même méthode avait été choisie lors de l’attaque de Bamako, le 20 novembre dernier, qui décrivait brièvement et factuellement l’action d’une « quarantaine d’hommes des forces spéciales« . La question étant en effet un secret de polichinelles, ce simple message permets d’assumer sans donner trop de détails. Il permets également de préciser plusieurs messages de la communication militaire française: le rôle des militaires dans la région (en soutien aux locaux), leur mission (lutter contre le terrorisme) et leurs moyens (des forces spéciales).
Sur la forme, l’EMA se montre ainsi capable de réactivité en matière de diffusion d’information. Les réseaux sociaux permettent de donner rapidement des éléments mis à disposition de toutes les rédactions, ainsi que du grand public. Alors que les médias cherchent de quoi alimenter leur suivi de l’actualité, l’EMA se positionne ainsi comme un acteur de premier ordre, chacun pouvant reprendre ces -maigres- déclarations officielles. C’est d’autant plus important que l’on connaît aujourd’hui l’avantage de la prime à la réactivité en terme d’expression sur une actualité ou une crise.
Sur Twitter, c’est une première puisque le jeune compte de l’EMA n’était pas encore lancé lors du dernier incident qui aurait justifié une telle communication de crise (attaque de Bamako, le 20 novembre dernier). En temps normal, le compte est surtout utilisé pour assurer la communication opérationnelle des armées (OPEX et OPINT) ainsi que la visibilité des activités du chef d’état-major des armées (CEMA), le général De Villiers. Il s’agit donc ici d’un essai en matière de communication de crise. A l’époque de Bamako, aucun message n’avait été posté sur les comptes Facebook des opérations ou du CEMA. Un cours communiqué avait par contre été publié dans la journée sur le site des opérations.
La rapidité du traitement médiatique a cependant pris de cours les opérationnels. Après coup, l’EMA a contacté plusieurs rédactions pour demander le floutage des visages des commandos apparaissant sur les photos. Ces derniers n’avaient pas pris le temps de se munir de cagoules, comme l’explique bien Jean-Marc Tanguy.