Le colonel Olivier Fort, officier d’artillerie, propose ici une réflexion sur ce que son arme peut proposer dans le domaine de la déception. Après une lecture historique des efforts faits par différentes armées, il réfléchit à un début de doctrine, tant face à des forces conventionnelles qu’à des groupes insurgés.
« La mise en valeur de la déception peut permettre d’élargir les options tactiques. » Cet ouvrage est de fait un plaidoyer en faveur de ces logiques dont l’auteur relève qu’elles sont en grande partie ignorées des armées françaises depuis la Révolution et les guerres de l’Empire. Dans la doctrine de l’artillerie, le sujet est presque absent.
A priori, l’artillerie n’est peut-être pas l’arme de la déception par excellence. Elle est évidemment un outil d’influence psychologique d’une grande efficacité, tant pour terrifier l’adversaire que pour encourager l’allié. Mais quid de la ruse ? Peut-on ruser à grands coups d’obus tirés aussi bruyamment? Le colonel Fort démontre, à travers de nombreux exemples historiques, qu’il est souvent arrivé que cette arme serve en effet à tromper l’ennemi.
L’auteur identifie trois principaux facteurs de réussite aux actions de déception menées par l’artillerie : la connaissance de la culture tactique de l’adversaire, l’expérience du combat et la capacité à tirer le meilleur parti des nouvelles technologies.
Les évolutions technologiques multiplient d’ailleurs les opportunités d’innovation sur le champs de bataille, y compris face à des insurrections. Pour le colonel Fort, les artilleurs doivent maîtriser ces techniques pour tirer le plein potentiel de leurs armes. Ainsi, dans les conflits asymétriques, où l’artillerie peut être mise de côté pour ne pas toucher les populations civiles, l’astuce pourrait permettre de lui redonner un rôle clef.
Les Français pourraient-ils se laisser convaincre par cette idée, au même titre que leurs Alliés de l’Otan, notamment britanniques ? Lors de l’opération Serval, en 2013, aucun stratagème d’artillerie n’a été employé. Et pourtant, en Afghanistan, les artilleurs ont parfois su ruser pour manoeuvrer au détriment des insurgés.
A lire : FORT Olivier (2016), « L’artillerie des stratagèmes », Paris : Economica, 224p.