Entre autres défauts, l’auteur de ce blog a comme tourment assez grave d’être un grand amoureux de l’univers Marvel. Une folie qui ne s’explique pas tant cette marque de comics offre une gamme d’histoires, de personnages, de trames, difficile à cerner. De Spiderman à Deadpool, en passant par les Avengers et les X-Men, on peine parfois au fil des pages à suivre qui est qui et qui fait quoi.
Mais pourquoi je vous parle de cette série de comics américains? Ah oui, parce qu’un nouveau héros arrive. Miss Marvel. Les plus geeks me diront «hey, camarade, Miss Marvel existe depuis 1977». Et c’est vrai. De son vrai nom Carol Danvers, il s’agit alors d’une magnifique blonde assez musclée: elle était chargée de la sécurité du site de Cap Canaveral, une base spatiale stratégique lors de la conquête des étoilse. Elle est, avec Spider Woman, l’une des premières super-héroïnes autonomes qui n’appartient pas à un groupe. Belle, forte et indépendante… dans les années 1970, c’est plutôt osé.
Les divers retournements scénaristiques ont fait que Carol Danvers n’était plus, depuis quelques temps, Miss Marvel. Elle est devenue Captain Marvel. Oui, je vous avais prévenu, cette histoire est un sacré bordel. Mais venons-en donc au fait: le retour de Miss Marvel, incarnée désormais par une nouvelle héroïne, Kamala Khan… une jeune musulmane d’origine pakistanaise.
La blonde de l’an 2014 est musulmane
Kamala Khan habite Jersey, la banlieue new-yorkaise. Américaine, ses parents pakistanais ont immigré aux Etats-Unis. Comme d’autres personnages de cet univers, un bouleversement l’amène à avoir des supers-pouvoirs: elle peut changer la forme de son corps. Mais surtout, elle est musulmane. Elle n’est pas le premier héros de cet univers à l’être (Dust, par exemple, est une Afghane membre des X-Men), mais elle est le premier personnage américain à être caractérisé par cette foi.
Les auteurs de Marvel ont toujours cherché à jouer sur la symbolique des grands bouleversements sociaux et politiques de notre temps pour créer leurs personnages et leurs récits. Ainsi, il y a quelques années, de nombreux analystes avaient vu dans la série «Civil War» une illustration des luttes profondément philosophiques qui agitaient les Américains. La moitié des héros suivaient Iron Man, alors Secrétaire d’Etat à la Défense, dans un fichage systématique des individus ayant des pouvoirs. L’autre moitié défendaient la liberté d’anonymat de ces derniers, suivant un Captain America devenu renégat. Un Captain America qui tombera au cours de ces batailles. Une métaphore bien sombre du système sécuritaire des Etats-Unis.
Miss Marvel, donc, était à l’origine une jeune blonde forte et indépendante. Aujourd’hui, elle est une jeune musulmane en quête de sa propre identité. Tout un symbolisme, là aussi, de comment les Etats-Unis se perçoivent. Les auteurs de ce nouveau visage de l’héroïne estiment que cette quête de soi parlera à tous les adolescents américains. Elle doit aussi illustrer une nouvelle réalité, multi-confessionnelle, de la population nord-américaine. Reste à voir si les ventes suivront.