Le compte Twitter des brigades Al-Qassam, l’organe militaire du Hamas palestinien, a été suspendu. Ou plutôt les comptes puisque le second a été interdit dans la foulée. Si le réseau social ne s’est pas exprimé, il est fort probable que cette décision relève des conditions d’utilisation de l’outil qui a choisit de ne pas laisser s’exprimer des organisations interdites aux Etats-Unis, pays de résidence de l’entreprise. C’est en effet le cas des brigades Al-Qassam, considérées par Washington comme un organisme terroriste.
Une décision évidemment dénoncée par les brigades qui assurent ne pas avoir enfreint le règlement du réseau social. Ce dernier précise qu’il est interdit:
Il est interdit de publier ou d’adresser des messages violents à l’encontre des autres.
Vous vous engagez à ne pas utiliser notre service à des fins ou des usages illégaux. Les utilisateurs internationaux acceptent de se soumettre aux lois locales concernant l’usage d’Internet.
Des conditions qui interdisent de fait tout organisme considéré comme terroriste par les Etats-Unis et qui ont déjà entraîné la fermeture de certains comptes utilisés par les shebaabs somaliens ou encore d’Al Qaida. Al-Qassam, aussi référencée comme terroriste par l’Union européenne et le Canada, pouvait difficilement échapper à la sanction de Twitter. L’organisation palestinienne accuse de fait le réseau social d’être à la botte des Etats-Unis et d’Israël. Difficile de savoir si ce dernier pays a réclamé la suspension des comptes en question… quand bien même il aurait été dans son bon droit.
Guerre de l’information 2.0
Comme d’autres organisations insurgées ou terroristes, les brigades Al-Qassam puisent dans le web un moyen d’influence précieux dans le domaine de l’information. Elles disposent encore aujourd’hui d’un site Internet sur lequel sont publiés communiqués de presse, prises de position et dénonciations des actions de l’adversaire. Pour les médias, c’est un moyen de collecter des réactions des brigades. Pour ses supporters, un moyen de nourrir l’argumentaire.
Les réseaux sociaux viennent renforcer de telles plateformes en amplifiant l’effet viral des messages. De nombreux Internautes peuvent ainsi voir passer les annonces et les relayer. Certains ignorent d’ailleurs parfois la nature des personnes qu’ils relaient. L’outil permet enfin de capter un public vers son site où il peut développer et approfondir son discours.
Le compte Twitter des brigades Al-Qassam avait fait parlé de lui en 2011, lors de l’opération israélienne Pilier de Défense. Pour la première fois, les combattants palestiniens et les militaires de Tsahal avaient échangé en direct des messages publics via le réseau social. Chacun des deux camps défendait sa position sur la toile en exprimant ses propres bilans. Au final, l’armée israélienne avait dominé la joute verbale 2.0 grâce à des moyens considérables investis dans ce champs (lire à ce sujet mon article dans le DSI n°93).
Tsahal jubile
Pour les forces israéliennes, la suspension de ces comptes est une bonne nouvelle. Les communicants militaires vont ainsi encore gagner en part de marché sur Twitter. Ils pourront faire circuler leurs messages sans avoir de contradiction de l’adversaire. Resteront tout de même les militants et soutiens divers et variés qui continueront de s’attaquer aux textes des Israéliens.
Tsahal a salué la démarche de Twitter en y voyant la confirmation de l’anti-sémitisme et du terrorisme mené par les brigades Al-Qassam. L’armée a insisté sur cette information qui a été reprise sur tous ses outils de communication numérique et traduit dans toutes les langues utilisées par ses communicants (ici en Français). L’occasion de rappeler tous les arguments contre l’organisation palestinienne.
Nous remarquerons tout de même que certains des arguments israéliens restent largement discutables. Sa revendication de défendre la liberté de la presse, par exemple, est d’une malhonnête absolue. Les forces israéliennes, d’une opération à l’autre, continuent de chercher la bonne posture à adopter en matière d’ouverture aux médias. A plusieurs reprises, elles n’ont cependant pas hésiter à tout simplement interdire l’accès au théâtre aux journalistes. Il convient également de relever la loi israélienne qui autorise la censure des médias nationaux sur les affaires liées à la défense nationale ou à la sécurité d’Etat. Les journalistes israéliens se voient ainsi régulièrement amenés à transmettre leurs informations à des reporters étrangers pour pouvoir ensuite les citer (voir un exemple ici avec l’affaire Anat Kama).