Dans un billet publié sur le blog de Tom Ricks, une jeune chercheuse analyse les propos d’Eric Schmidt, le patron de Google.
Ce dernier défend la thèse que les Etats pourraient bientôt ne plus être en mesure de contrôler l’expression populaire. Une censure qui continue de s’appliquer ici et là, notamment en Chine, en développant des médias internes et en limitant l’accès aux médias externes. Nous parlons ici notamment des réseaux sociaux, devenus selon Schmidt une «puissance» nourrissant «l’échange d’idée» grâce à une «interconnexion croissante des réseaux globalisés».
La difficulté est bien entendu technique: de plus en plus de gens savent comment échapper aux barrières étatiques limitant l’accès à certains pans d’Internet. Ceux qui ont voyagé en Chine savent ainsi qu’il n’y a rien de plus facile que de trouver des connections débridées, notamment dans les cafés branchés, d’où accéder à Facebook et aux autres réseaux sociaux. Des outils qui sont de plus en plus utilisés par les élites chinoises pour ouvrir une fenêtre sur l’extérieur.
Mais pour Schmidt, et c’est là le plus intéressant, c’est surtout une logique économique et sociale qui limiterait la capacité le contrôle de ces flux. «Le gouvernement chinois pense que sa capacité à censurer Internet est bénéfique, mais ils ne voient pas la contrepartie, assure-t-il. Ils gaspillent un considérable potentiel en matière de changement, d’innovation et d’idées nouvelles». Le patron de Google mise donc principalement sur une prise de conscience des autorités de Pékin.
Du virtuel vers le physique, libre circulation des idées… et des personnes
Si cette logique est déclinée pour évoquer le voyage des idées sur la toile, elle trouve aussi son pendant physique. Schmidt se dit ainsi persuadé que la libre-circulation de l’intelligence dans le domaine du virtuel finira par se décliner dans le domaine du physique: comment justifier de limiter les déplacements de personnes si l’on célèbre celui de leurs idées?
Un raisonnement militant et certainement un peu optimiste: pour Schmidt, tout contrôle des flux, humains comme intellectuels, devrait être inapplicable d’ici une décennie. Reste à voir si les logiques de contrôle ne trouveront pas aussi des moyens de s’adapter à ces nouveaux moyens de voyager…
Il convient également de s’interroger sur la notion d’égalité face à ces réseaux. On le voit en France et dans d’autres pays occidentaux, où les populations sont pourtant largement éduquées à ces questions, les cyber-citoyens peinent à éviter les manipulations et les dérives en tout genre. Seules les élites les plus habituées à l’usage des nouvelles technologies et à la maîtrise de l’information échappent -quoi que pas toujours- à la désinformation qui pullule à haute dose sur la toile.