Interrogé par le blog Meta-Media, l’entrepreneur américain Gary Vaynerchuk propose une idée intéressante: s’inspirer du modèle militaire pour soutenir l’innovation dans les médias. Ce spécialiste de la communication qui conseille les plus grandes entreprises dans leurs stratégies digitales y voit une évidence: les journalistes aussi devraient avoir des unités de forces spéciales:
«Pour innover, il ne faut pas voir les choses comme du tout ou rien. Si je devais diriger votre groupe de télévision [le blog Meta-Media dépend du site de France Télévision], la BBC ou CNN, je prendrai une part de mon budget et je chercherais à l’investir. C’est un peu comme une armée. Vous avez des tanks, des bombes, tout cela… mais vous avez aussi des ninjas spéciaux, pas vrai? Des Navy Seals, une police secrète! Je n’arrive pas à comprendre que des entreprises de cette taille, ou d’autres acteurs, n’investissent pas une partie de leur argent dans une police secrète ou des Navy Seals. Pour moi la mise en application, c’est de décider d’isoler un budget, de trouver les gens qui ont ce profil de Navy Seals, de ne pas les gêner, de ne pas essayer d’en faire des gens de médias et de ne pas essayer de transformer de mettre des gens des médias à cette place. Il faut laisser chacun faire son boulot tout en soutenant les deux approches.»
Un raisonnement typique de l’entrepreneuriat qui perçoit la recherche et le développement comme un investissement sur l’avenir. Une logique qui n’est pas toujours facile à reprendre dans les médias. La plupart des journalistes et des cadres de médias qui font de la recherche le font en général en dehors de leur entreprise, en dehors d’une démarche bilatérale intégrée.
La situation socio-professionnelle de ce secteur d’activité ne fait rien pour faciliter les choses. Alors que les entrants, souvent les plus jeunes, travaillent dans des conditions de précarité extrême, il leur est parfois difficile de trouver les moyens financiers de développer leurs idées et leurs projets. Ceux qui sont installés ont souvent accepté le système avec ses limites, peinant parfois à sentir le vent de l’innovation. Il y a quelques années, une soirée spéciale sur la chaîne Arte évoquait ainsi la consanguinité des médias en France: radio, journaux et télévisions s’imitent mutuellement sans jamais vraiment chercher à se démarquer radicalement de leurs concurrents. Les intervenants, dont David Pujadas et Jean-Pierre Elkabach, se contentaient de botter en touche: «ce sera aux prochaines générations de trouver des solutions».
La plupart des médias semblent toujours peiner à faire se rencontrer idées et moyens, les rares précurseurs ayant en général besoin de bidouiller un modèle économique plus ou moins efficace. Les nouvelles écritures, les nouvelles organisations, sont rarement soutenus. Il suffit de regarder ce qui se fait dans le domaine du webdocumentaire, style médiatique très à la mode et largement valorisé sur la forme… pour lequel les médias parviennent rarement à débloquer des budgets raisonnables, laissant à l’aide étatique à la création la charge de financer ces expérimentations.
On pourrait pourtant facilement imaginer, dans les grands médias, la mise en place d’une équipe d’une dizaine de personnes chargées de ce type d’approches. Avec des moyens conséquents, ils pourraient effectuer une veille technique et doctrinale, cherchant à identifier les pistes prometteuses. Drones, réseaux sociaux, écritures, logiques médiatiques, recherche de sources… autant de problématiques qui pourraient permettre à un média de se démarquer par la suite de ses concurrents. Encore faudrait-il trouver les bons profils d’individus… et les moyens économiques.
Quelques exemples d’approches novatrices:
- Et pourquoi pas même cette expérimentation bionique par un hacker en Allemagne