Au Forum international de la sécurité de Halifax, le directeur d’Alphabet, la maison mère de Google, Eric Schmidt, a expliqué envisager de « derank » -de faire descendre dans les résultats- les médias d’influence russes. Il répond ainsi aux inquiétudes des agences de renseignement américaines qui ne cessent d’alerter sur la « mésinformation » diffusée par RT et Sputnik en particulier.
« Je ne suis clairement pas en faveur de la censure, a plaidé Eric Schmidt. Je suis très favorable à une hiérarchisation, si il faut le faire. C’est une question tout à fait légitime de se demander comment nous allons faire, qui est au rang A et qui est au rang B. Et nous faisons du mieux que nous pouvons pour gérer des millions de classements de ce type chaque jour. » C’est lui qui a cité nommément RT et Sputnik, même si d’autres supports pourraient être visés.
Si le responsable de Google se dit prêt à faire évoluer les algorithmes du moteur de recherche, c’est parce qu’il perçoit l’utilisation de l’information par certains comme une « arme » (« weaponised » information). Une telle initiative est d’autant plus problématique pour RT et Sputnik que leurs versions en ligne ont largement investi sur la viralité de certains de leurs contenus pour capter des audiences larges via Google et les réseaux sociaux.
Du côté de RT et Sputnik, on a riposté en dénonçant une démarche anti-russe du moteur de recherche, sur une ligne de défense assez classique, portée par la rédactrice en chef Margarita Simonyan: « Les faits ne sont pas autorisés si ils viennent de RT, parce que c’est la faute de la Russie. » Elle estime notamment que Google n’a pas su démontrer la moindre manipulation en provenance des deux médias concernés. Même écho dans la version française de Sputnik où l’on s’insurge, en soulignant qu’Eric Schmidt est « multimilliardaire » (qu’est-ce que ça vient faire-là?!).
Aux Etats-Unis, le Département de la Justice a catégorisé RT comme un « agent étranger ». Une décision que la chaîne de télévision tente actuellement de combattre devant les tribunaux. Twitter a également annoncé refuser de diffuser de la publicité de RT et Sputnik.