Des carnets de route, on en a vu passer pas mal ces dernières années. Des combattants évidemment, mais aussi des pilotes de toutes les sortes, des spécialistes de l’appui feu, des commandos ou encore des médecins. Cette fois, c’est un photographe des armées qui se prête à l’exercice en la personne du sergent-chef Sébastien Dupont.
Dans Journal d’un reporter militaire, il nous raconte dix ans d’opérations extérieures et de missions en tout genre. Plusieurs séjours en Afghanistan, la couverture de la libération du Ponant, les bombardements en Irak et en Syrie depuis les Emirats Arabes Unis ou encore les cérémonies officielles… Tout y passe.
L’ouvrage intéressera plus spécifiquement les amateurs de photographie ou ceux qui s’intéressent aux questions de communication. Je relève plusieurs points intéressants dans le récit du sergent-chef Dupont:
- Même pour un photographe des armées, il reste compliqué d’intégrer une colonne de forces spéciales qui part en mission. Il raconte une telle expérience au Mali, où il a du prendre son mal en patience pour gagner la confiance de ces soldats.
- L’Afghanistan a été le théâtre de la montée en puissance de la communication opérationnelle, avec une augmentation conséquente des effectifs et un rallongement de la durée des déploiements pour les photographes et cameramen.
- Une forme de concurrence existe entre services images. Les photographes d’unités doivent souvent se faire modestes face à leurs collègues des Sirpa. Un gentil « tirage de bourre » se pratique entre Sirpa et ECPAD.
- Il y a régulièrement des pénuries d’effectifs dans cette branche, lorsqu’il s’agit de partir en OPEX.
- Les images, vidéos ou photos, distribuées par l’EMACOM aux médias, sont rarement créditées. Non seulement c’est frustrant pour leurs auteurs, mais c’est malhonnête de la part des rédactions.
- Les armes des opérateurs de prises de vues et des rédacteurs servent au combat. Il y est fait référence à plusieurs reprises dans cet ouvrage.
- Les demandes de l’EMACOM en termes de demandes d’images semblent gagner en précision et en besoin de réactivité. Le tout est pensé afin de pouvoir nourrir les journaux télévisés et papiers lors de crises particulièrement importantes (Ponant, Libye, bombardements en Syrie…)
- Le mélange lexical entre journaliste et rédacteur est toujours bien présent dans les rangs français. Alors que les Américains ont cessé de parler de journalistes militaires, et même de reporters militaires, nos armées semblent continuer. C’est embêtant: journaliste est un métier bien spécifique, avec une déontologie et un rôle bien définis.
A lire: « Journal d’un reporter militaire », Sébastien Dupont, Editions de la Flèche, novembre 2016, 235 pages, 22,90 euros.