Le contre-amiral John Kirby, porte-parole du Pentagone, a répondu à quelques questions concernant son expérience de la communication de crise et de la communication d’influence. Son approche du temps est intéressante: il admet le besoin de réagir vite, pour la simple raison que l’adversaire, lui, communique à très grande vitesse. « Cela ne se compte pas en minutes, mais en secondes« , affirme l’officier américain. Et de résumer sa position avec un joli proverbe: « Un mensonge peut avoir fait le tour du monde pendant que la vérité est encore en train d’attacher ses lacets« .
L’amiral John Kirby, en tant que porte-parole du Pentagone, est l’un des principaux communicants du pouvoir exécutif américain. Officier au parcours relativement classique, il dit être tombé dans la communication par hasard. Admettant ses limites, il assure que son efficacité est le résultat du travail d’une équipe particulièrement douée et d’une intelligence de situation mobilisable dans l’urgence. Si la communication militaire américaine est une machine puissance et efficace, son patron appelle à toujours plus d’efforts pour ouvrir les portes des armées américaines aux médias: « Il n’y a rien de mieux pour dire la vérité que la force de reportages critiques menés par des médias indépendants« .
Réseaux sociaux
Aux Etats-Unis, l’amiral Kirby est connu pour faire un usage intensif des réseaux sociaux. L’officier précise qu’il était pourtant loin d’être acquis à cette cause et qu’il lui a fallu longtemps avant de se laisser convaincre. Aujourd’hui, il précise qu’il « faut voir les réseaux sociaux comme un outil -et surtout pas comme L’UNIQUE outil, capable de remplacer de bonnes relations-, un moyen précieux de partager dans un espace de conversation important« .
Pas de récit sans action
Peut-on réussir au Moyen-Orient sans un bon récit (narrative)? Non, assure le porte-parole du Pentagone. Mais « une bonne histoire ne fera jamais assez. Elle doit être soutenue par une action forte, des progrès et une politique audible. Si nos actions ne vont pas dans le sens de notre récit, nous nous compliquons encore plus la tâche. C’est le « y-a qu’à, faut qu’on » dont il faut se méfier. »
Pas de senior sans junior
L’amiral Kirby insiste sur la qualité des jeunes communicants arrivant tout juste au sein des forces. Ils sont « plus sophistiqués et mieux informés que nous l’étions dans les années 1980« , note l’officier. Une réalité qu’il faut prendre en compte, assure-t-il, lorsqu’il s’agit de manager et d’encadrer ce type de professionnels. Les uns et les autres peuvent apprendre de leurs expériences respectives, offrant aux plus jeunes un regard différent, et aux plus anciens la maîtrise d’outils inédits.
Le porte-parole du Pentagone propose également une liste de lectures parfois surprenantes, puisant dans une grande variété de registres, pour réfléchir à la communication.