Vous l’avez peut-être croisée, cette rétrospective des recherches Google pour 2013. Sur fond d’une musique enivrante, on y revoit en image quelques uns des événements qui ont marqué l’année. Le Royal Baby britannique, Nabila, Batman ou encore Beckam… et l’armée française au Mali, juste entre les Minions de Moi, Moche et Méchant… et la qualification de l’équipe de France de football pour le mondial 2014.
Cette présence de l’armée française dans le bilan de Google est due à un pic de recherches en début d’année. Sur l’année, il est le troisième sujet d’actualité le plus recherché par les Français, après le Royal Baby et Nelson Mandela, avant Florence Cassez. Sur le mois de janvier, le sujet devient l’un des plus demandés par les Internautes de l’hexagone. Une liste de termes bat les records du moteur de recherche le plus utilisé:
– le mali
– guerre mali
– france mali
– guerre au mali
– carte mali
– algerie mali
– info mali
Des requêtes que le moteur de recherche regroupe sous trois thématiques principales: le Mali, la guerre et l’Afrique.
Une guerre, une image
Pour illustrer la question malienne en 2013, Google a donc choisit deux plans vidéos qui durent en tout 3 secondes. C’est plus que Batman. C’est moins que le premier mariage homosexuel. Le premier montre un soldat français saluant une foule. Le second montre… la foule en question: des Maliens agitant leur drapeaux, enthousiastes de leur libération.
Il est surtout intéressant de noter la source de ces deux plans: ils ont été filmés par des reporters militaires de l’ECPAD, l’établissement audiovisuel chargé de récolter des images au profit de la Défense. Un choix intéressant pour deux raisons:
– Le conflit au Mali a été caractérisé par une vraie difficulté à récolter des images pour les journalistes. Certains ont dénoncé une volonté de l’armée française de trop contrôler les images. L’institution militaire s’en défend en remarquant qu’elle a accepté un nombre record de reporters dans des conditions loin d’être évidentes. L’opération Serval a été largement menée par des forces spéciales appuyées par des aéronefs. Des missions qui excluent de facto les journalistes. Tant et si bien que cette guerre sans images a été récemment illustrée par la diffusion de celles de l’ECPAD dans l’émission Envoyé spécial. Des images sous contrôle des forces qui ne sont donc pas passées par un filtre journalistique.
Google fait le choix de représenter la guerre au Mali par des images de l’opération militaire filmées par les militaires eux-mêmes.
– Et c’est là que l’on arrive sur une autre réflexion: la diffusion d’information par Google pose des questions sur leur objectivité. Le moteur fait en effet remonté des données non pas en fonction de leur intérêt scientifique, journalistique ou historique mais en fonction de l’intérêt des lecteurs pour ces dernières. Dans cette logique très libérale, un acteur peut ainsi s’imposer au détriment d’un autre s’il parvient à maîtriser l’outil Google.
Il est ainsi intéressant de noter que pour Google, l’illustration du conflit malien est celle de l’armée, par l’armée. Une illustration sans violence et presque sans armes, loin des combats exigeants et difficiles de l’extrême-nord malien ou des exactions observées par différentes ONG.
Et le monde?
La version monde de la rétrospective 2013 met en avant beaucoup d’événements en commun avec la version France. En tête d’affiche, le couple royal, les mariages homosexuels et le pape. On trouve également Malala à la tribune des Nations unies, Mandela et Thatcher.
On notera pourtant quelques distinctions:
– Le monde s’intéresse aux conductrices saoudiennes.
– Le monde s’est intéressé aux attentats du marathon de Boston… plus que les Français.
– Le monde ne s’est pas tellement intéressé à la guerre au Mali.