Dans un rapport publié le 4 juillet dernier sur la menace terroriste, le Sénat fait le point sur la menace terroriste. Un court chapitre de quelques pages est consacré au sujet de la propagande.
Reprise de la propagande de l’Etat islamique
Selon les auteurs, après avoir ralenti du fait du recul militaire de l’Etat islamique en Syrie et en Irak, la propagande a repris. Le flux reste largement réduit. Les services de police ont constaté « récemment » l’émergence de nouveaux contenus, moins sophistiqués, comme la vidéo « Conquests of Paris » ou le magazine « Mediaction ». Ces supports n’ont cependant pas été reconnus par l’organisation centrale, très occupée militairement. Selon le chercheur Javier Lesaca, l’EI mettrait encore en ligne cinq à six vidéos par mois.
La propagande d’AQ se maintient
Après avoir tant occupé l’attention, l’EI est donc en difficulté. Al Qaeda, un temps oublié, poursuit ses efforts. Selon ce rapport, cette dernière organisation déploie des flux de contenus qui « compensent désormais le déclin de ceux de l’EI« .
Les progrès de Youtube jugés insuffisants
Entre le 8 mars et le 18 avril 2018, 853 vidéos de l’Etat islamique ont pu être uploadée. La très grande majorité est rapidement supprimée et seulement 26% d’entre elles sont resté en ligne plus de deux heures. En tout, le cumul atteint les 100 000 vues. Les auteurs regrettent ici ce qui apparaît comme un manque d’efficacité. La performance semble pourtant remarquable.
Explosion des signalements Pharos
Pharos, la plateforme de gestion des signalements de contenus numériques illégaux, a vu le nombre de requêtes de retraits augmenter massivement : 30 634 demandes en 2017 contre 2189 sur une période relativement équivalente en 2016. Cependant, le nombre de retraits effectifs est presque identique avec environ 6000 blocages.
Discussions avec les GAFA
Le rapport évoque plusieurs échanges avec les géants numériques américains. Plusieurs réflexions sont en cours pour développer des contraintes juridiques pour obliger les sociétés concernées à plus d’efficacité dans la neutralisation des contenus djihadistes. Les auteurs admettent qu’il est peu probable que cette démarche soit efficace. Les défis sont aujourd’hui largement techniques.
Coordination avec l’EMA
La plateforme Pharos communique désormais avec l’Etat-major des armées (EMA), dont le centre opérationnel de cyberdéfense représente un interlocuteur de choix. Les deux acteurs peuvent bénéficier des informations signalées au premier et des renseignements récoltés par le second.
Pas de vraies solutions
Au delà des efforts réalisés par les opérationnels, les auteurs de l’étude n’identifient pas de pistes concrètes de progression pour mieux lutter contre la propagande djihadiste. Plus largement, leurs recommandations pour lutter contre la radicalisation semblent relever en grande partie de vues de l’esprit : rétablir la République dans les quartiers difficiles ou encore interdire le salafisme. Certains phénomènes de violences dans les banlieues sont ainsi rattachés à cette problématique, alors qu’ils existent depuis des dizaines d’années. De même, le salafisme est lui-même composé de multiples logiques, dont certaines ont amené leurs adeptes à coopérer avec les services de renseignement français pour dénoncer des individus radicalisés. Interrogés sur ces nuances, les auteurs n’ont pas apporté de réponse.