En parallèle d’autres modules opérationnels, l’armée américaine -le corps des marines pour être précis- forme les militaires irakiens à l’art de la guerre de l’information. Le programme, baptisé Vocalis, vise à armer ces hommes sur le plan médiatique: exploitation de radios portables, diffusion de messages adaptés à destination des populations, réalisation de films. L’objectif est de contrecarrer les messages de l’Etat islamique (EI), particulièrement efficace dans le champs de bataille cognitif.
Washington a déjà formé 220 militaires irakiens depuis janvier, dans le cadre de ce programme prévu pour durer trois ans. Le gros des effectifs formés aux opérations psychologiques et médiatiques est issu du commandement terrestre irakien et du contre-terrorisme. A l’occasion de la finalisation de la formation d’une première quarantaine de Kurdes irakiens, courant août, un journaliste a pu assister à la cérémonie de clôture de leur stage et discuter avec formateurs et stagiaires.
Les Irakiens semblent avoir pris pleinement conscience de l’importance de maîtriser ces outils. Sur le terrain, la réalité reste pour l’instant très largement à la logique du talion avec des militaires qui pratiquent les mêmes sévices et bavures que les djihadistes qu’ils combattent. Un reportage du New York Times montrait récemment la tendance à couper des têtes et à se prendre en photo avec des corps mutilés lors de combats dans la ville de Falloujah.
Les Kurdes fraîchement formés témoignant devant la presse assurent vouloir exploiter leurs nouveaux outils pour appuyer la libération de Falloujah. D’après eux, l’EI a largement déployé ses propres messages dans cette ville martyre qui ne cesse de faire l’objet de combats particulièrement violents depuis l’invasion américaine en 2003. Les Irakiens ont l’avantage de parler la langue et de mieux comprendre les logiques culturelles locales, que les Américains.
Si le recours aux opérations militaires d’influence s’est généralisé dans les armées de l’Otan, la tendance à former des supplétifs locaux devient aussi une récurrence. Les Américains s’appliquent à sensibiliser leurs partenaires à ces logiques. L’armée américaine a par ailleurs déployé d’autres outils d’influences pour lutter contre l’EI,
Ils ne sont pas les seuls. Les Irakiens larguent régulièrement des tracts, notamment par hélicoptère. Les Russes, les Syriens et les Iraniens utilisent les mêmes outils. Les Britanniques multiplient également les initiatives sur le plan informationnel.
Merci à Florent de m’avoir signalé l’info