Comme l’eau, comme le gaz, comme le courant électriqueviennent de loin, dans nos demeures, répondre à nos
besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous
alimentés d’images visuelles et auditives, naissant et
s’évanouissant au moindre geste, presque à un signe.
– Paul Valéry, 1934
Le son et l’image, au début du XXème siècle, émergent dans le quotidien des populations. La télévision, encore un simple embryon, vient s’ajouter à la radio, déjà présente dans les foyers. Pour savoir, pour être informés, les gens écoutent et regardent.
Poète, Paul Valéry est aussi et surtout philosophe. Il est l’un des initiateurs du constructivisme. Ce raisonnement scientifique intègre une relation permanente entre la connaissance et l’influence de la réalité sur celle-ci. Ce que l’on sait est temporaire, évolutif : résultat de notre savoir présent, il peut évoluer alors que le reste de nos acquis progresse lui aussi.
Cette réflexion, rapportée aux médias, montre la pertinence de l’instinct de Paul Valéry, à l’heure où il est écrit ces vers. Alors que les médias audiovisuels n’en sont qu’à la pose de leurs fondations, il anticipe leur omniprésence dans un futur pressenti : un jour, telle l’électricité et l’eau, l’image et le son seront le fruit d’une industrie complexe. Présents dans notre quotidiens, comme des évidences, ils seront l’objet d’enjeux stratégiques, à l’échelle des nations.