A la mi-février, Sputnik France se félicitait de ses résultats, selon les données publiées par la société américaine ComScore. Le média public russe atteint le top 3 des consultations en ligne de sites étrangers, après Yahoo-HuffPost et MSN News, au mois de décembre 2018.
Selon ce classement, au mois de décembre, Sputnik France se positionne ainsi comme média d’information étranger le plus lu hors agrégateurs et sites de services. Il est même plus consulté que plusieurs médias importants dans le pays comme Capital, La Dépêche ou encore la Voix du Nord.
En juillet dernier, sur fond de coupe du monde de football, le média russe avait déjà obtenu les mêmes résultats. Sur cette période, il avait même dépassé les sites de Libération, Les Echos et du Nouvel Obs.
Afficher le succès
Des petites victoires que le site, très controversé en France, affiche systématiquement avec de courts articles (ici pour juillet 2018 et ici pour décembre 2018). Sur les deux périodes en question, ces succès peuvent s’expliquer par l’actualité, mobilisatrice et virale pour ce média : le football en juillet et les gilets jaunes en décembre.
Quitte à être parfois de mauvaise foi, comme en juillet lorsque le site se félicite d’avoir dépassé des médias étrangers respectés comme le Guardian ou la BBC… Qui ne sont pas disponibles en français et donc moins accessibles.
A la fin 2018, Sputnik insiste de plus sur une spécificité de son succès : son audience africaine. « Sputnik gagne également en popularité auprès des lecteurs de l’Afrique, à laquelle le nombre d’articles consacrés est en augmentation« , peut-on lire. Ce continent est en effet stratégique pour le média russe, qui avait recruté son premier correspondant étranger à Tunis fin 2017.
Sputnik quitte les ondes parisiennes
Tout n’est cependant pas tout rose pour Sputnik. Au début du mois de mars, le CSA, qui régule les autorisations audiovisuelles de diffusion, a demandé à Aligre FM de mettre fin à son contrat avec le média russe. Cette petite radio culturelle parisienne cédait en effet depuis 2015 deux heures d’antenne quotidiennes à Sputnik, dans un montage original… Resté inaperçu jusqu’aux récentes polémiques.
Alerté par une autre radio (dont on ne sait pas si elle cherchait des informations sur ce contrat ou si elle voulait nuire à Sputnik), le CSA a admis un « défaut de vigilance » dans le contrat passé entre Sputnik et Aligre FM. Si le fondateur de cette dernière regrettait auprès du Monde que ce contrat était une « offense éthique » contre sa radio, le CSA précise qu’il n’y a aucun « manquement déontologique » dans les programmes de Sputnik. C’est la dépendance financière de l’hôte, épuisé par les dettes, qui aurait sonné le glas de cette alliance.
Du côté de Sputnik, on dénonce une ingérence de l’Etat français, qui continue d’accuser le média russe de propagande. Sa direction a lancé une procédure auprès de l’OSCE, dénonçant une violation de la liberté de la presse.
La gabegie est telle pour le CSA que l’agence reconnaît ne pas avoir été au courant de ce contrat… Qui permettait depuis plusieurs années à Sputnik d’émettre en direct sur Paris. Sputnik ironise : « L’existence de cette collaboration de longue date n’était en rien un secret, Radio Sputnik étant diffusée en prime time« . Et s’interroge sur la soumission du CSA… A l’Elysée. De quoi miner, encore, la confiance du public envers les médias.