Le 17 février dernier, l’agence de production médias de l’organisation de l’Etat islamique (OEI), diffusait un étonnant produit d’influence en français. « Tends ta main » est un anashid, un poème musulman, prônant l’appel à la hijra, l’émigration et, plus largement, au jihad. D’une grande qualité technique, l’enregistrement a probablement été réalisé dans un studio.
La qualité du texte est beaucoup plus basique. Pas de rimes, ni de belles formules, il va droit au but: poser les arguments des jihadistes. Le récitant appelle ainsi à faire allégeance au califat et à migrer vers les territoires de l’OEI. Il note que les ennemis sont « horrifiés » et qu’ils cherchent à « exterminer » les jihadistes. En retour, le poème réclame de faire preuve de « détermination ».
Le document, signé par Al Hayar média center, est revendiqué par l’organe de communication de l’OEI. Il participe à une propagande plus large et plus diversifiée, sous différentes formes, et différentes langues, dont le français. Cet outil est intéressant puisqu’il joue sur une tradition très répandue dans les cultures musulmanes: l’écoute des anashids. Chez les jihadistes, un peu partout dans le monde, ce type de chants sont partagés, échangés, écoutés en permanence.
Plus largement, la culture en général et la musique en particulier ont toujours été des outils d’influence particulièrement prisés et efficaces. L’un des cas les plus étudiés, qui mérite toujours que l’on s’y penche, reste la diffusion et la promotion du jazz par les Etats-Unis tout au long de la Guerre Froide.
Pour écouter, ou vous en faire une sonnerie téléphonique qui fera peur à vos voisins dans le métro, cliquez-ici.
Merci à B. de m’avoir signalé ce son.