L’Union européenne devrait prochainement accepter de financer des opérations civilo-militaires (CIMIC) menées par des pays tiers. Il s’agirait d’élargir les moyens du Fonds européen pour la paix et la stabilité à des projets menés par des armées. L’idée est de pouvoir accompagner les militaires que l’UE soutient déjà en matière de formation et de conseil dans des missions d’aide et de protection des populations. Pour les pays partenaires, c’est l’occasion de développer une dimension CIMIC, un outil d’influence qui n’est pas toujours formalisé dans des forces fragilisées.
Jusqu’ici, les militaires étaient exclus de financements par ce canal. Ce sont les députés européens de la commission Affaires étrangères, représentés notamment par le Français Arnaud Danjean (PPE), qui ont poussé cette initiative. Ils estiment que dans certains contextes, l’armée est le seul acteur capable de mener à bien les démarches nécessaires à la protection des civils. En plus des 2,3 milliards d’euros consacrés à ce fonds pour la période 2014-2020, une enveloppe complémentaire de 100 millions serait attribuée spécifiquement à des projets CIMIC.
Parmi les applications imaginables, une telle initiative pourrait accompagner le financement d’un hôpital militaire qui recevrait des civils dans des zones de crises ; financer la logistique d’une unité de génie capable de restaurer des infrastructures dans une zone ravagée ; ou encore de former des spécialistes capables d’identifier les besoins vitaux des populations. Il est bien précisé qu’en aucun cas, ces moyens ne pourront servir à acheter des armes ou à renforcer des techniques de combat. Il ne s’agit pas d’augmenter la puissance d’une force mais d’utiliser sa capacité à opérer sur un territoire défini au bénéfice des civils.
Du donnant donnant: pour le Fonds européen pour la paix et la stabilité, ce serait un nouveau moyen d’améliorer les conditions de vie et de sécurité de populations sinistrées. Pour les pays partenaires, c’est l’occasion de bénéficier de formations dans un domaine souvent négligé et mésestimé qui peut contribuer à récolter du renseignement, tout en améliorant l’image de la force.
Ce projet de réforme doit être voté par le Parlement européen les 29 et 30 novembre prochains. Au sein de la commission Affaires étrangères, il a été soutenu par une majorité de 27 votes contre 7 oppositions et 2 blancs.