Victoria Nuland, la secrétaire d’Etat adjointe en charge de l’Europe, est en pointe depuis plusieurs mois pour dénoncer la propagande russe diffusée à travers les médias d’Etat. La diplomate américaine n’a cessé de dénoncer les « mensonges » diffusés notamment par Russia Today, s’inquiétant notamment de ses effets jusqu’au sein d’audiences américaines. Interrogée sur la possibilité de censurer la chaîne de télévision russe, qui diffuse en anglais, elle a refusé une telle hypothèse en assurant « croire en la liberté d’expression, la liberté des médias étant un droit dans notre pays« .
Pour contrecarrer les effets des médias russes, Victoria Nuland a tout de même proposé aux parlementaires une augmentation massive des budgets de soutien aux médias russophones. En plus d’autres initiatives en faveur de l’Ukraine, les Américains envisagent de consacrer un peu plus de 23 millions de dollars à des programmes en langue russe, soit une augmentation de 49% par rapport à 2014. Le Département d’Etat réclame également 20 millions supplémentaires pour former des journalistes russophones et soutenir des lanceurs d’alertes et des médias indépendants.
L’information a notamment été relevée deux médias publics russes, Russia Today qui dénonce le « discours de haine » de Victoria Nuland et Sputnik qui conclu notamment un article en soulignant que l’Occident avait par le passé déjà largement soutenu des démarches médiatiques en langue russe, comme Radio Free Europe et Voice of America. On pourrait aussi évoquer la BBC et RFI qui diffusent des programmes en russe.
Il convient pour bien appréhender cette opposition dans le domaine de l’information de distinguer le travail d’information, journalistique, de celui de la propagande. Sputnik parle ainsi de « propagande dirigée vers la Russie » pour parler du projet de Victoria Nuland. La diplomate américaine préfère parler de « contrer la propagande russe grâce à la formation de journalistes russophones« . Parler de contre-propagande, plutôt que de contrer la propagande, aurait été maladroit, la définition de la propagande étant le combat d’une propagande par une autre propagande. La secrétaire adjointe du Département d’Etat évite ce travers en assurant que c’est à travers la formation d’esprits libres et indépendants que les Etats-Unis entendent neutraliser le discours étatique russe.
Pour approfondir le sujet, vous pouvez lire ou relire mon article dans le magazine Défense et Sécurité Internationale (DSI) de février « Russie: militaires, diplomates et médias unis dans la stratégie d’influence« .