ZunZuneo est un réseau social comparable à Twitter. Développé à Cuba, il a attiré jusque 40000 utilisateurs. Innocent si ce n’était un outil mis en oeuvre… par les Etats-Unis. Selon une enquête d’Associated Press, c’est un fonctionnaire de l’US Aid, l’agence pour le développement américaine, qui a orchestré l’opération.
Retenons quelques points clefs:
– Le projet ZunZuneo est monté par Joe McSpedon, qui travaille pour l’US Aid. Il s’entoure pour cela d’une équipe de contractuels issus du privé.
– Lancé en février 2010, ZunZuneo capte 25000 abonnés en six mois. Un succès marketing certainement renforcé par l’obtention en amont d’un important listing de numéros de portables cubains sortis par un ingénieur local. L’objectif initial est d’atteindre 200000 utilisateurs. Courant 2012, l’entreprise s’évapore sans laisser de traces.
– ZunZuneo est monté comme une entreprise lambda, dirigée depuis l’Amérique du Sud. Elle dispose de finances et de ressources humaines. Suffisamment béton pour que les autorités n’aient pas semblé s’y intéresser outre mesure. Elle s’effondrera finalement faute de rentabilité, l’US Aid refusant de financer à vide.
– L’approche initiale vise à attirer un public large: ZunZuneo diffuse des informations pratiques comme la météo ou les résultats sportifs. Le réseau social passe pour politiquement neutre. Il doit à terme pouvoir diffuser des messages politiques encourageant à une opposition au système communiste.
– Les utilisateurs du réseau social ne sont pas informés qu’il est dirigé par une agence fédérale américaine.
– Le statut juridique n’est pas clair: l’opération n’est à priori pas déclarée en tant qu’opération clandestine. S’agit-il cependant là d’une action clandestine?
– C’est finalement un média indépendant qui sort l’information et dévoile le programme, à partir de documents livrés aux journalistes. Par qui? Quelqu’un qui doute de la légitimité de l’US Aid à mener ce type d’actions? Plus probablement par l’un des initiateurs du projet, déçu de le voir stoppé faute de fonds.
Une analyse complète de la démarche sur le blog Diplomatie digitale en cliquant ici.