Le Washington Post a publié une intéressante étude de Kyle Dropp, Joshua D. Kertzer et Thomas Zeitzoff, politologues respectivement au Dartmouth college ainsi que dans les universités de Harvard et Princeton. En interrogeant les Américains sur leur ressenti au sujet de la crise ukrainienne, ils se sont rendus compte –comme d’autres– que leurs concitoyens situaient mal ce pays et ses enjeux. Surtout, ils ont cette fois analysé leur capacité à positionner l’Ukraine sur une carte du monde et là, les résultats sont particulièrement mauvais.
D’abord, et parce que l’on aime bien critiquer nos amis américains, notons que seuls 16% des 2000 personnes interrogées ont été capables de placer l’Ukraine à proximité de ses frontières. Un sur six. La grande majorité situe ce pays quelque part en Europe ou en Asie, entre le Portugal, la Finlande, le Soudan et le Kazakhstan. Une minorité, enfin, place l’Ukraine aux Etats-Unis, en Afrique, au Groenland ou encore en Australie. Bref, le résultat n’est pas très bon. Mais on pourrait s’interroger sur la capacité des Français à situer eux-mêmes l’Ukraine sur la carte du monde, même si les derniers sondages montrent qu’ils ont enregistré les principaux points clefs de la problématique.
La répartition démographique des résultats est également intéressante. Ce sont les jeunes (18-24 ans) qui s’en sortent le mieux: ils sont 27% à savoir où est l’Ukraine. Beaucoup mieux que les seniors (14%). Il est aussi intéressant de noter que les militaires et leur entourage ne sont pas plus aptes que les Américains moyens à répondre à cette question (16,1%). Enfin, les sondés se revendiquant des deux formations politiques majeures sont largement moins bons que les autres (14 et 15% pour les Démocrates et les Républicains… contre 29% pour les Indépendants).
Les trois chercheurs relèvent enfin une donnée particulièrement interpellante: plus les sondés situent mal l’Ukraine… et plus ils sont favorables à une intervention de la part de leur pays. Et c’est là tout le problème: ce manque d’information correcte de la part des citoyens impose des contraintes sur les décideurs politiques, amenés à adapter leur agenda en fonction de l’opinion publique. Finalement, ne devrait-on pas demander un peu plus leur avis aux jeunes…?